Jean Auguste Dominique Ingres. 1780-1867. Paris. La Vierge adorant l'Hostie. The Virgin adoring the Host. 1854 Paris Orsay
Réplique d'époque d'un tableau peint pour Alexandre II (Musée Pouchkine Moscou)
Replica of time a picture painted for Alexander II (Moscow Pushkin Museum)
LE DESSIN ET LA COULEUR. CLASSICISME, ROMANTISME...
La peinture dans la France de la première moitié du 19è siècle voit s'affronter deux courants principaux :
1° Le Néoclassicisme, hérité de Vien et Jacques-Louis David, qui triomphe à la fin du 18è siècle, sous la révolution française et le Premier Empire. Classicisme qui est ensuite continué, avec des nuances, par Dominique Ingres. Cette école classique, appelée néo-classique pour la période qui couvre la Révolution, le Premier Empire, et la Restauration va recevoir l'appellation d'Académisme sous le Second Empire et la IIIè République.
2° Le Romantisme, qui nait après la révolution et le Premier Empire, avec des peintres comme Delacroix, Géricault, Chassériau, Ary Scheffer
Des peintres comme Gros, Gérard, Girodet Trioson ont développé un art intermédiaire entre ces deux tendances.
Ces deux courants traversent d'ailleurs toute l'histoire de la peinture européenne, pas seulement française, sous les mêmes noms ou sous d'autres un peu différents noms.
Pour illustrer cette histoire il est possible de partir d'un tableau que Guido Reni a peint vers 1625, un tableau allégorique de cette dialectique : "l'Union du Dessin et de la Couleur" qui est au Louvre. Ce tableau est d'ailleurs un pur manifeste de Classicisme tant par la précision du dessin que par la retenue des couleurs et des sentiments.
En réalité l'opposition entre le Dessin et la Couleur est tout aussi constante que l'union que privilégie le tableau de Guido Reni. Ingres et Delacroix illustrent bien cet antagonisme des tendances.
Le 19è siècle en France mais aussi en Europe va voir s'affronter les deux écoles, celle du dessin et celle de la couleur. La couleur va clairement triompher à la fin du siècle.
Le courant classique est surtout caractérisé par la précision du dessin, la finesse de la touche, l'achèvement du tableau. Ensuite vient une relative sobriété des couleurs. Le courant classique préfère aussi, en principe, la modération dans l'expression des sentiments et une certaine retenue dans le mouvement. Mais le lien n'est pas direct entre le fond et la forme. Des thèmes baroques ou romantiques peuvent être traités de manière classique. De même, des sujets classiques peuvent être peints dans un style coloriste et expressif.
En Italie le courant classique a eu Florence et Bologne pour champions. Selon les époques il prend le nom de Classicisme, à partir des Carrraci, d'Atticisme, de Néo-classicisme, d'Académisme...
L' autre courant, que l'on peut appeller coloriste, privilégie nettement la couleur sur le dessin. Cette école de peinture ne dessine pas nécessairement le tableau avant de le peindre. Elle peint directement sur la toile sans passer par le dessin, ou tout au moins un dessin précis. On peut dire que cette école dessine avec les couleurs. Le courant coloriste s'autorise aussi un fini de la touche moindre, et accepte de considérer comme achevé des tableaux plus proches de l'esquisse. Par ailleurs, mais ce n'est pas une règle absolue, il préfère l'expression des sentiments à leur sobriété et le mouvement à la stabilité..
Ce courant s'est particulièrement bien exprimé à Venise avec notamment Giorgione qui est souvent considéré comme son fondateur. Il a pris des noms divers selon les époques : Maniérisme, Baroque, Rococo, Romantisme, Expressionnisme...
Durant toute l'histoire de la peinture européenne nombreux ont été les peintres qui ont empruntés à chacun de ces deux courants. Toute l'école de la peinture française, sous Louis XIII et Louis XIV, est un mélange subtile de classicisme et de baroque, avec des accents plus classiques ou plus baroques, selon les époques et les peintres.
La France a entretenu la querelle des partisans de Rubens (Baroque), opposés aux partisans de Poussin (Classique).
Au 19è la France verra l'affrontement entre les néo-classiques (Ingres) et l'Académisme (Couture, Bouguereau, Cabanel) d'une part, et d'autre part les peintres romantiques (Delacroix) puis réalistes (Millet, Courbet), les pré-impressionnistes (Ecole de Barbizon) et un peu plus tard les impressionnistes.
Delacroix et l'école romantique annonce déjà très clairement l'Art Moderne.
La fin du 19è siècle et surtout le début du 20è siècle vont être le chant du cygne puis la mort de l'esthétique classique dans la peinture européenne. A partir des Impressionnistes on peut dire que c'est le triomphe de l'esthétique coloriste dans la peinture figurative.
La réhabilitation relativement récente dans l'histoire de l'art des peintres néo-classiques et académiques (dits en France, pendant plusieurs décennies, " pompiers") est un exemple du fait que le Beau demande pour être reconnu comme un fait incontestable l'intervention d'un certain recul dans le temps, recul qui permet d'écarter les effets de mode. La durée est donc bien un élément de la définition pragmatique, expérimentale, du Beau.
THE DRAWING AND THE COLOR. CLASSICISM, ROMANTISM ...
The painting in France of the first half of the 19th century saw two main currents confront each other:
1. The Neoclassicism, inherited from Vien and Jacques-Louis David, which triumphed at the end of the 18th century under the French Revolution and the First Empire. Classicism which is then continued, with nuances, by Dominique Ingres. This classical school, called neo-classical for the period that covers the Revolution, the First Empire, and the Restoration was to receive the appellation of Academism under the Second Empire and the Third Republic.
2. The Romanticism, which was born after the Revolution and the First Empire, with painters like Delacroix, Géricault, Chassériau, Ary Scheffer
Painters such as Gros, Gérard and Girodet Trioson have developed an art that is intermediate between these two trends.
These two currents go through the whole history of European painting, not only French painting, under the same names, or under somewhat different names.
To illustrate this story it is possible to start from a painting that Guido Reni painted around 1625, an allegorical painting of this dialectic: "Union of Design and Color" which is in the Louvre. This painting is, moreover, a pure manifesto of Classicism as much by the precision of the drawing as by the restraint of the colors and the feelings.
In reality the opposition between Drawing and Color is just as constant as the union favored by Guido Reni's painting. Ingres and Delacroix illustrate this antagonism of trends.
The 19th century in France but also in Europe will see the two schools confront each other, that of drawing and that of color. Color will clearly triumph at the end of the century.
The classical current is mainly characterized by the precision of the drawing, the fineness of the paint touch, the completion of the painting. Then comes a relative sobriety of colors. The classical current also prefers, in principle, the moderation in the expression of feelings and a certain restraint in the movement. But the link is not direct between the substance and the form. Baroque or romantic themes can be treated in a classic way. Similarly, classical subjects can be painted in a colorist and expressive style.
In Italy the classical current had Florence and Bologna for champions. According to the times it takes the name of Classicism, starting from Carrraci, Atticism, Neoclassicism, Academism.
The other current, which may be called colourist, clearly favors color on the drawing. This school of painting does not necessarily draw the picture before painting it. She paints directly on the canvas without going through the drawing, or at least a precise drawing. It can be said that this school draws with colors. The Colorist current also allows a touch less finite, less perfect, less detailed, and accepts completed tables closest the sketch. Also, but it is not an absolute rule, he prefers the expression of feelings to their sobriety and movement to stability.
This trend has been particularly well expressed in Venice, notably with Giorgione, who is often regarded as its founder. It took various names according to the epochs: Mannerism, Baroque, Rococo, Romanticism, Expressionism.
Throughout the history of European painting many have been the painters who borrowed from each of these two currents. The whole school of French painting, under Louis XIII and Louis XIV, is a subtle blend of classicism and baroque, with more classic or more baroque accents, according to the epochs and the painters.
France has maintained the quarrel between the partisans of Rubens (Baroque), opposed to the partisans of Poussin (Classic).
In the 19th century, France experienced a confrontation between the neo-classics (Ingres) and the Académisme (Couture, Bouguereau, Cabanel) on the one hand, and, secondly, the romantics (Delacroix) then realistics painters (Millet, Courbet ), the pre-impressionists (Barbizon School) and a little later the Impressionists.
Delacroix and the Romantic school already clearly announces the Modern Art.
The end of the 19th century and especially the beginning of the 20th century were to be the song of the swan and then the death of the classical aesthetics in European painting. From the Impressionists one can say that it is the triumph of colorist aesthetics in figurative painting.
The relatively recent rehabilitation in the history of the art of neo-classical and academic painters (called in France, for several decades, "firemen") is an example of the fact that the Beau demands to be recognized as an incontestable fact the Intervention of a certain distance in time, a retreat which makes it possible to eliminate the effects of fashion. The duration is therefore an element of the pragmatic, experimental definition of the Beautiful.