Bicci di Lorenzo. 1373-1452. Florence.
Mariage Mystique de Sainte Catherine.Mystic Marriage of St. Catherine. vers 1425.
Florence. Galleria dell' Accademia.
LA PEINTURE EUROPEENNE : UNE HISTOIRE EN IMAGE (3bis)
L'Europe a connu dans son histoire plusieurs ruptures de valeurs spirituelles et morales, et de civilisations, dont l'Art, et la peinture en particulier, témoignent très clairement. Quatre ruptures plus ou moins brutales et plus ou moins sensibles :
- La fin de la civilisation gréco-romaine et l'avènement du christianisme. (1)
- La "Renaissance" (2)
- La "Réforme" (3)
- Les "Lumières" (4)
A chacun de ces stades, l'art européen - la peinture en particulier- a changé, plus ou moins vite, plus ou moins profondément.
Contrairement à la Renaissance, la Réforme est un événement qui constitue une rupture idéologique brutale, sanglante, dans l'histoire de l'Europe, qui va concerner directement la vie des peuples.
Dans l'art de la peinture ce sont les Pays Bas du Nord, de tendances protestantes calvinistes, c'est à dire très orientées vers un retour à la vision du monde proposée par l'Ancien Testament, qui vont le plus clairement exprimer les nouvelles orientations idéologiques, et les mettre en oeuvre, dès la fin du 16è siècle et le début du 17è siècle.
En résumé :
- Disparition presque totale de la peinture religieuse. Sauf quelques exceptions notables, comme Rembrandt et ses élèves. Dans le cadre de la religion protestante calviniste la représentation de la Vierge et l'Enfant, et des Saints disparaît totalement.
- Absence totale d'intérêt pour la mythologie grecque et l'histoire romaine. La Réforme s'impose d'ailleurs dans l'Europe qui n'avait pas été soumise à l'Empire Romain.
- Les Paysages sont peints sans aucuns thèmes mythologiques ou historiques ajoutés. Même quand le paysage est inspiré par l'Italie, c'est la nature qui est peinte, la population, très peu la civilisation antique. Apparition de la peinture de paysages marins, les "marines".
- Apparition et développement de nouveaux thèmes de peinture, inspirés par la vie profane, la vie quotidienne des hommes en société : Peintures des moeurs de la société, description précise de la vie des paysans, des artisans, et de la petite bourgeoisie.
- Développement important de la nature morte, et célébration sans complexe des richesses matérielles d'une société qui est une des plus développées de l'Europe de cette époque. Même si sous le prétexte de "vanités", c'est en réalité une réconciliation avec la richesse qui est encouragée. Dans l'esprit de l'Ancien Testament, et pas du tout du Nouveau.
- Développement du portrait, individuel ou de famille, mais concernant les classes sociales de la bourgeoisie, grande ou petite, et non plus seulement l'aristocratie.
Ces nouvelles tendances, matérialistes, rationalistes et réalistes, ne se répandent dans l'Europe du sud que lentement, avec une certaine réticence, au cours du 18è et même seulement du 19è siècle. En dehors des Pays Bas la peinture européenne demeure très orientée par l'idéologie catholique et l'esprit humaniste apparu à la fin du 15è et au début du 16è siècle. Les tableaux ont donc essentiellement pour thème la religion et la mythologie ou l'histoire de l'antiquité. La peinture de moeurs, le paysage ont leur place, mais elle demeure relativement mineure.
Quand en France, Courbet peint l"Enterrement à Ornans" (1850) ou "les Baigneuses"(1853), et quand Manet peint "le Déjeuner sur l'herbe" ou "l'Olympia" (1863) c'est cette peinture réaliste et matérialiste, née aux Pays Bas, qui cherche à s'imposer contre "l'Académisme" qui triomphe encore au Salon annuel de Paris. De même les peintres de Barbizon et les Impressionnistes ne seront reconnus que difficilement, parce que leur peinture aborde le paysage pour lui même, sans motif mythologique ou historique. Outre bien sûr leur style pictural propre, qui n'était pas reconnu comme constituant un travail bien fini.
THE EUROPEAN PAINTING: A STORY IN PICTURE (3bis)
In its history, Europe has experienced several failures of its spiritual and moral values. Several ruptures of civilizations, whose the Art, and painting in particular, demonstrate very clearly. Four breaks, more or less brutal and more or less sensitive:
-The end of the Greco-Roman civilization and the advent of Christianity. (1)
-The "Renaissance" (2)
-The "Reform" (3)
-The "Lights" (4)
At each of these stages, the European art - painting in particular - has changed, more or less quickly, more or less deeply
Unlike the Renaissance, the Reformation is an event that constitutes a brutal ideological break, bloody in the history of Europe, which will directly affect the lives of peoples.
In the art of painting, it is the Low Countries of the North, of Protestant Calvinist tendencies, that is to say, very oriented towards a return to the vision of the world proposed by the Old Testament, which will most clearly express the new Orientations, and to implement them, from the end of the 16th century and the beginning of the 17th century.
In summary :
- Almost total disappearance of religious painting. With some notable exceptions, such as Rembrandt. In the context of the Protestant religion (calvinist) , the representation of the Virgin and Child and Saints disappears completely.
-Total Lack of interest to Greek mythology and Roman history. The Reformation also triumph in Europe that had not been subjected to the Roman Empire.
- The landscapes are painted without any mythological or historical themes added. Even when the landscape is inspired by Italy, is the nature that is painted, the population of the time, very little the ancient civilization. Appearance of the painting of marine landscapes, the "marines".
- Appearance and development of new paint themes, inspired by secular life, the everyday life of men in society: Paintings of mores of society, accurate description of the lives of farmers, artisans and petty bourgeoisie
- Significant development of the still life, and celebration, without complex, of material wealth of a society that is more developed in Europe of that time. Even under the pretext of "Vanities", is actually a reconciliation with the Wealth that is encouraged. In the spirit of the Old Testament, not at all, of the New.
- Development of the portrait, individual or family, but concerning social class of the bourgeoisie, big or small, and not just the aristocracy.
These new trends, materialists, rationalists and realists, spread throughout southern Europe slowly, with some reluctance, in the 18th and same of the 19th century only. Outside the Netherlands, the European painting remains highly oriented by the Catholic ideology and the humanist spirit that emerged at the end of the 15th and the beginning of the 16th century. The tables therefore have essentially the theme of religion and mythology or history of antiquity. The painting of manners, the landscape have their place, but it remains relatively minor
When in France, Courbet painted the "Burial at Ornans" (1850) or "The Bathers" (1853), and when Manet painted "The Luncheon on the Grass" and "Olympia" (1863) is this painting realistic and materialistic, born in the Netherlands, which seeks to impose, against "Academicism" that still triumph in the annual Paris Salon.
Similarly the Barbizon painters and the Impressionists will be recognized only with difficulty, because their painting depicts landscape for themselves, without mythological or historical grounds. Besides of course their own pictorial style, which was not recognized as constituting a well finished work.