Lorenzo Costa I 1460-1535. Ferrare Bologne, Mantoue
Portrait d'un jeune homme. Portrait of a young man.
Berlin Gemäldegalerie.
L'AUGMENTATION DE L'HOMME (Anthropocentrisme et Anthropomorphisme 2)
L'Homme n'est qu'un animal parmi les autres : telle est la leçon de la peinture chinoise.
François CHENG. (« Toute beauté est singulière » « D’où jaillit le chant » « Shitao, la saveur du monde » "L'art du trait" )
Et telle n’est pas la leçon de la peinture européenne figurative qui donne plutôt l’impression que Dieu est un homme parmi d’autres.
Man is only one animal among the others: this is the lesson of Chinese painting.
François CHENG. ("All beauty is singular" "From where springs the song" "Shitao, the flavor of the world" "The art of the trait")
And this is not the lesson of figurative European painting, which rather gives the impression that God is one man among others.
1) Anthropocentrisme et Anthropomorphisme
2) Dans la peinture catholique et orthodoxe
3) A la Renaissance
3) A la Réforme
4) Dans l'Art Moderne
5) Dans l'Art Contemporain Officiel
La peinture européenne est un témoignage très clair de "l'augmentation" de l'homme au fil de son histoire.
L'augmentation de l'homme ? C'est un constat : Plus l'humanité vieillit plus elle se prend au sérieux, plus son importance augmente, en tout cas à ses propres yeux, plus son regard sur le monde se fait anthropocentrique et plus son existence impacte les autres êtres et la terre toute entière. Mais peut être l'humanité est elle arrivée à un tournant de son histoire qui pourrait inverser la tendance ? Ou la précipiter vers sa fin?
Quand débute en Europe la peinture sur fresques au 11è siècle, puis sur bois au début du 14è siècle, l'anthropomorphisme de la pensée européenne, au travers de l'art catholique et orthodoxe est très clair. Mais l'anthropocentrisme est encore discret.
Anthropocentrisme ? Anthropomorphisme ?
La pensée anthropocentrique fait de l'homme le Centre de tout l'Univers. Il fait surtout de l'homme le centre de la pensée de l'homme. L'Humanité s'enfle et pas seulement démographiquement,surtout psychologiquement et idéologiquement.
L'anthropomorphisme a une portée beaucoup plus limitée : Il consiste à donner des Dieux, ou de Dieu, une représentation sous forme humaine. Dieux ou Déesses bien sûr. Car il semble bien qu'une des premières formes de la divinité ait été la Déesse Mère, sous forme humaine. Alors que le principe mâle aurait été souvent symbolisé par un animal : le Taureau par exemple.
L'anthropocentrisme est croissant tout au long de la période médiévale, il s'épanouit à la Renaissance, progresse encore à la Réforme, et devient omniprésent au fur et à mesure que l'idéologie des "Lumières" triomphe. Et à la fin de cette montée en puissance des "Lumières", quand Dieu disparait de l'art pictural européen, l'anthropomorphisme évidemment disparaît aussi. L'anthropocentrisme a éliminé l'anthropomorphisme. Seul l'Homme est au premier plan. C'est l'Enflure totale de l'Homme. C'est ce que l'histoire de la peinture européenne nous montre.
1) Anthropocentrisme et Anthropomorphisme ne sont pas indissolublement liés. Les cultures ou les civilisations qui donnent aux dieux des formes humaines peuvent ne pas être anthropocentriques. Dans ces sociétés les Dieux ou Dieu ont une forme humaine, mais l'homme ne se pense aucunement comme le centre du monde, ni comme une créature privilégiée. C'est la situation, dans les civilisations Sumériennes et dans l'Antiquité grecque et romaine. Dans ces cultures, ces religions ou représentations du monde, le centre du monde ce sont les Dieux.
L'homme Grec ou Romain a conscience de son importance, il n'est pas un animal et il n'est pas un barbare, il peut même être un philosophe rationaliste. Mais il a une grande conscience de son insignifiance dans l'Univers, notamment par rapports aux Dieux. Il est un être qui passe, et qui doit se contenter de ce passage en honorant les Dieux et ses ancêtres. Pour les Grecs et les Romains l'Ubris, la démesure, l'anthropocentrisme orgueilleux sont des perversions gravement dommageables à l'harmonie du monde. C'est une constante de toute la pensée grecque aussi bien mythologique que philosophique, en partant des pré-socratiques jusqu'aux hellénistiques, en passant par les post-socratiques. Certes un changement de vision du monde et de l'homme se profile avec Platon, et sans doute avec certains cultes à mystères très mal connus, mais ce n'est encore qu'une ébauche. Certes Prométhée promet beaucoup....mais il se fait manger le foie en punition de sa mégalomanie et de sa démesure (ubris) en faveur des humains. Zeus veille à ce que l'homme ne se prenne pas pour le centre du monde, afin d'en préserver l'ordre harmonieux. Et Apollon écorche Marsyas vivant pour les mêmes motifs. C'est cruel, mais c'est nécessaire pour préserver l'Ordre du Monde en interdisant à l'homme ou aux divinités subalternes de revendiquer une place qui ne leur appartient pas.
Alexandre le Grand est une véritable incarnation de l'Ubris, sa mégalomanie démesurée a été très critiquée de son temps. Son premier censeur a été son maître, Aristote. Evidemment dès la Renaissance, les humains ont encensé Prométhée et Alexandre et ont continué pendant des siècles, jusqu'à nos jours. C'est une grande tentation de se croire élu, pas la plus précoce chez l'homme, seconde dans son histoire, mais tenace.
2) La peinture catholique et orthodoxe, une fois passée la crise iconoclaste byzantine, est anthropomorphique : elle peint Dieu à l'image de l'homme. Un anthropomorphisme qui est un héritage de la civilisation grecque dont les divinités étaient, pour la plupart, de formes humaines. L'anthropomorphisme du christianisme catholique et orthodoxe, n'est pas encore absolument anthropocentriste, mais il tend vers une valorisation de l'homme par rapport à la vision antique. Plusieurs regards sont possibles certes, mais d'une certaine manière, avec le christianisme catholique et orthodoxe l'homme prend plus d'importance que dans la pensée antique. Avec le Monothéisme l'humanité se considère en effet comme une création privilégiée de Dieu. Ce qu'elle n'était aucunement dans l'Antiquité grecque et romaine polythéiste. L'être humain catholique et orthodoxe est une créature unique au monde dans sa perfection, image de Dieu, élue de Dieu, alliée de Dieu, assurée d'une survie personnelle qui lui est réservée, s'il remplit certains devoirs.
C'est une vision du monde et de l'humanité héritée des cultures sémitiques et très précisément de celle hébraïque. Le chrétien élu de Dieu, quelque soit sa nation, est seulement une idéologie un peu moins ségrégationniste que l'hébreu élu ou allié privilégié de Dieu au dessus de toutes les autres nations.
Mais le chrétien (catholique ou orthodoxe, le protestantisme n'existe pas à cette époque) est une névrose de l'élection tout à fait identique à celle qu'exprime l'Ancien Testament. Cette névrose, sort du contexte tribal, qui est celui du judaïsme, et s'étend à l'échelle de l'humanité entière. Une idée que l'Islam reprendra plus de six siècles après.
Être chrétien sauve de la damnation éternelle. De même être musulman. Alain de Benoist a écrit "avec le christianisme il n'y a plus de peuple élu". Il aurait pu en dire autant de l'islam. C'est à la fois vrai et faux. Ces visions du monde chrétiennes et islamiques restent des sectarismes. Le Christianisme ou l'Islam ne sont pas racistes en effet, car le critère de l'élection n'est plus ethnique. "Le peuple élu" chez les chrétiens et les musulmans n'appartient pas à une race ou à des descendants par la mère de tribus privilégiées. Le peuple élu est celui d'une foi qu'il suffit de partager. Peu importent les origines ethniques pour en être membre. L'élection est plus large, elle se fait par adoption. La Grace de Dieu s'étend à tous ceux qui croient en lui. "L'élection divine" a franchi les barrières ethniques elle est devenue exclusivement idéologique. Le catholicisme et l'orthodoxie sont en quelque sorte un premier mondialisme. L'islam puis les protestantismes adopteront ces mêmes conceptions. Ces idéologies continuent cependant de conditionner la grâce de Dieu à la stricte conformité avec leurs doctrines particulières, elles sont donc bien une forme perpétuée de pathologie de l'élection. Toutes ces idéologies ont constamment affirmé qu'en dehors d'elles il n'y a pas de salut et certainement pas chez leurs voisines.
Avec la mondialisation (qui n'est pas le mondialisme) ces sectarismes deviennent de moins en moins crédibles expérimentalement. L'élargissement contemporain du champ de l'expérience humaine ne remet pas en question les croyances religieuses fondamentales dans leurs particularismes, mais très radicalement leur exclusivisme. Les chemins vers la Vérité apparaissent légitimement plus multiples à la fin du 20è siècle qu'au cours des siècles précédents. Du moins en Occident, car au niveau des élites de la pensée la conception de la nécessaire multiplicité des chemins vers la Vérité Unique est très ancienne en Extrême Orient. La dialectique de l'Un et du multiple y est depuis bien des siècles infiniment plus subtile.
En Europe, sur les fresques du 12è siècle et du 13è siècle, comme dans la peinture sur bois du début du 14è, les personnages représentés sont exclusivement des personnages divins ou des anges, qui prennent des formes humaines. Ou des saints qui sont des personnes hors du commun, presque divines, l'équivalent des héros grecs. Mais il n'existe aucun portrait d'un individu quelconque, pas de donateurs, laïcs ou religieux, pas de personnages politiques importants, pas de financiers d'envergure. L'homme et la femme laïque, les donateurs même religieux, sont très généralement absents de la peinture romane et de celle du début du gothique. Ensuite, quand ils apparaissent, ils sont minuscules, figurés à une échelle réduite, tout en bas de l'oeuvre d'art.
L'anthropomorphisme est donc évident, mais l'anthropocentrisme reste relativement modeste dans cette peinture des débuts de l'époque médiévale. En Europe de l'Ouest la peinture gothique est le témoignage de l'importance croissante de l'homme, de sa valorisation constante par rapport à Dieu. Vers la fin de la période gothique (1300s) apparaissent les donateurs et leurs familles : de minuscules figures au bas des tableaux, qui restent cependant essentiellement occupés par une représentation de personnages sacrés. Peu à peu, au cours du 14 è siècle et au 15 è siècle les donateurs et leurs familles grandissent. Ils occupent toutes les volets latéraux et/ou une bonne partie du panneau central. Progressivement Dieu se réfugie au Ciel : tout en haut du tableau. Mais l'homme occupe tout le bas, avec sa femme, ses enfants, ses petits enfants, ses cousins....ou il se glisse tout près du trône de la Vierge et de l'Enfant, l'encadre à la même hauteur. Le Dyptique de Melun de Jean Fouquet est en deux parties : un volet est consacré au portrait du mécène, avec il est vrai son Saint protecteur, l'autre à la Vierge. Une Vierge qui n'a d'ailleurs plus rien à voir avec la virginité puisqu'elle est le portrait d'Agnès Sorel, maîtresse du Roi de France. Avec le temps qui passe le donateur n'est plus à genoux, son saint protecteur disparaît pour lui laisser toute la place. Le ou les donateurs ne sont plus tournés vers la divinité dans une attitude de vénération, ils regardent droit dans les yeux du spectateur. "C'est Moi" dit clairement le tableau. Effectivement c'est ce Moi là qui l'a payé!
3) A "la Renaissance", au 16 è siècle, l'homme s'accroît encore considérablement par rapport à Dieu. Ce phénomène apparaît très clairement en comparant les peintures de la "Renaissance" avec les peintures de l'époque gothique primitive et même du gothique tardif. Au 16è siècle les personnages sacrés ne disparaissent pas, car la Renaissance n'est pas anticatholique. Contrairement à la Réforme. Mais le portrait des hommes et des femmes, de l'élite bien sûr, se séparent de plus en plus et même totalement des représentations de Dieu et des personnages sacrés. Le portrait de l'homme se laïcise, il devient un thème en soi, sans aucune référence religieuse. L'humain fait abondamment son auto-portrait. Désormais il peut s'admirer seul. Dieu et tous ses saints peuvent disparaître du tableau. Ah ! l'Homme enfin !!
La Joconde de Léonard de Vinci est certainement le tableau emblématique de cette période. Car la Joconde n'est aucunement le portrait d'une personne déterminée, son message essentiel c'est la célébration du genre humain. Mais la Renaissance ce n'est pas encore adieu à Dieu. Les thèmes religieux demeurent encore très présents dans l'art européen, comme le démontre aussi l'art de Léonard de Vinci.
Il faudra attendre la seconde moitié du 20è siècle pour dire adieu à Dieu, dans l'art. La Renaissance se résume en cette proposition simple : La croissance de l'importance de l'homme et la diminution de l'importance de Dieu dans les conceptions que l'humanité européenne se fait du monde et d'elle même.
Le regard de l'homme se centre sur lui-même. Renaissance certainement pas, mais évolution idéologique importante, significative, certainement.
4) La Réforme ? Il vaudrait mieux parler des Réformes, car les réformes sont multiples. L'anglicanisme n'est pas le calvinisme et le luthéranisme non plus. Et à la suite de ces trois principaux courants d'origine les églises protestantes ne vont pas cesser de se diviser et de se multiplier, notamment aux Etats Unis.
Les tendances aniconiques très fortes chez les protestantismes, tendances héritées du judaïsme et voisines de celles de l'islam, limitent l'anthropomorphisme dans ces religions, mais elles ne font pas du tout obstacle à l'anthropocentrisme. Une fois de plus il se vérifie qu'anthropocentrisme et anthropomorphisme ne marchent pas nécessairement de concert. L'anthropocentrisme augmente dans la peinture européenne avec les Réformes Le matérialisme très puissant qui caractérise les protestantismes, leur considération pour les richesses matérielles s'aperçoit très bien dans la peinture des Pays Bas du Nord, chez les Néerlandais, dès le 17è siècle. Dieu n'est presque plus un thème de la peinture protestante, sauf le Christ en croix. L'homme de tous les jours, de tous les niveaux sociaux, du grand commerçant au paysan, occupe tout l'espace pictural néerlandais. Le ploutocrate a remplacé l'aristocrate, mais il occupe tout le premier plan de l'art et même tout l'art. La description des moeurs quotidiennes, de la vie banale en société, est une création des Pays Bas protestants calvinistes.
Les banquets ne sont plus les festins des Dieux, mais les gueuletons des compagnies de miliciens.
La Charité et l'Espérance ne veillent plus sur les hôpitaux et les hospices, mais les Régents et les Régentes au premier plan, avec en fond de tableau, parfois, la croix du Christ.
La Cène (le pain, le sel et le vin) devient une scène de déjeuner profane abondamment pourvu en nourritures terrestres : viandes, poissons, légumes, fromages, gâteaux, fruits et vins, tout à profusion.
Les scènes de marchés et de cuisines ( surabondant étalage de viandes, poissons, légumes...) remplacent les scènes de la passion du Christ. Quand les scènes religieuses demeurent présentes, elles se réfugient dans un tout petit coin du tableau (Aertsen, Beuckelaer...).
Le paysage européen n'est plus habité par des Dieux, des Déesses, des Nymphes, des Faunes. La Vierge voyageant en Égypte disparaît. Saint Jérôme ne médite plus dans le désert. Le paysage est devenu le lieu où vivent les hommes ordinaires : paysans travaillant aux champs, bergers gardant leurs troupeaux de bêtes domestiques. "Le passage du gué" a remplacé "le Baptême du Christ". Le boeuf n'est plus celui de la crèche, il rumine en regardant couler un canal, ou se découpe en quartiers appétissants sur la table de la cuisine
"L'augmentation" de l'homme est donc une évidence à la lecture attentive du message que délivre l'art néerlandais du 17è siècle. L'art est à toutes les époques un miroir des valeurs d'une société. Et sur ce point l'art du siècle d'or des Pays Bas est absolument exemplaire d'un changement de valeurs en Europe: Du spiritualisme vers le matérialisme, de Dieu vers l'Homme. Oui, l'homme s'enfle. Il va falloir que Zeus le condamne à nouveau à se faire manger le foie et qu'Apollon l'écorche vif.
Une période de transition existe dans le reste de l' Europe demeurée catholique pendant les 18è et 19è siècles où l'aristocratie et l'église catholique dominent encore. Pendant cette période cependant, dès le 18è siècle, l'anthropomorphisme se réduit. Car Dieu devient de moins en moins un sujet de tableau. Mais l'anthropocentrisme augmente, l'homme se peint de plus en plus, en portrait et dans ses activités quotidiennes. Et quand l'homme peint des paysages, c'est son regard sur le monde que l'art illustre toujours plus exclusivement.
5) Dans cette petite histoire de l'enflure de l'homme, considérée du point de vue de la peinture, il est possible de sauter une étape pourtant esthétiquement très importante : celle de l'Art Moderne (1850-1950).
Pourquoi ? Parce que la diversité idéologique qui caractérise cette période de l'histoire européenne ne permet pas de dégager des constantes remarquables du point de vue ici esquissé de l'anthropomorphisme et de l'anthropocentrisme. L'art moderne retrouve ou renouvelle des techniques anciennes de l'esthétique, il en invente de nouvelles comme l'art abstrait. Il est donc générateur de ruptures de style très importantes certes, mais il demeure globalement un art qui se veut beau, significatif et partagé avec le plus grand nombre. Du point de vue idéologique et de celui de l'anthropocentrisme et de l'anthropomorphisme l'Art Moderne est seulement la continuation de la période de transition précédente dans l'Europe du sud. Il est aussi la généralisation des tendances de fond apparues au 17è siècle dans les Pays Bas réformés. La Rupture totale entre l'art et l'esthétique n'est pas envisagée à cette époque. Le "massacre de la peinture" ne devient un fait d'évidence et une constante qu'avec l'Art Contemporain Officiel, après la seconde guerre mondiale.
6) A partir de la seconde moitié du 20è siècle, Dieu et les personnages sacrés disparaissent totalement de l'Art Contemporain Officiel. Même aux États Unis, pays où la religion chrétienne a semble-t-il conservé plus d'importance sociale. Mais quelle importance politique ? Les vrais responsables du 11 septembre 2001 sont-ils réellement chrétiens ? La question se pose sérieusement alors que dans l'Art Contemporain Officiel de tout l'Occident seul demeure l'homme et ses œuvres.
Avec une nouveauté absolument remarquable : le laid et l'absurde.
Contrairement à l'Art Moderne, l'art Contemporain Officiel constitue une rupture totale avec le passé artistique humain : l'anti-esthétique est née et rendue totalement obligatoire dans les milieux officiels. Laideur et absurdité sont une caractéristique de l'art contemporain officiel, mais pas seulement. Malgré des résistances notables, la contagion du laid et de l'absurde gagne aussi l'art des rues et l'art commercial privé. Ces portraits de l'humain qui s'exposent dans nos musées d'art contemporain, si on les compare à ceux réalisés par les artistes des temps passés ont une signification. La mort de Dieu chez les "élites éclairées", le culte de la Raison, de l'Homme, de l'Avenir, du Progrès, de la Modernité, du Matérialisme et de l'Argent se traduit dans l'Art Contemporain Officiel par une vision de l'homme d'une laideur repoussante et d'une absurdité totale, toutes deux systématiques. Il est intéressant aussi de constater que cet Anti-Art est toujours exposé dans des musées d'une architecture admirable, qui constituent son exact contraire. Le contraste entre la magnificence de l'enveloppe et la hideur du message qu'elle contient est aussi un enseignement. Est-ce un signal d'alarme de l' inconscient collectif humain ?
Le gros défaut de l'animal humain est incontestablement l'anthropocentrisme pathologique. Si l'homme descend du singe, selon certaines théories évolutionnistes qu'il est inconvenant de critiquer, il est évident que c'est d'un singe qui se prend de plus en plus pour un dieu, et même pour Dieu.
Cet anthropocentrisme s'exprime de différentes manières. Il inspire directement la névrose du "peuple élu"depuis plus de deux millénaires, une névrose, très répandue, légère ou sévère, mais qui peut avoisiner la psychose grave et qui est très prononcée dans les cultures sémitiques et les religions monothéistes. Même quand l'anthropomorphisme est absent du fait du refus de la représentation de Dieu et de toute iconographie religieuse, comme dans le judaïsme et l'islam. Dans l'Occident très influencé par les mythes sémites, par l'intermédiaire du judaïsme et du christianisme, la mégalomanie anthropocentrée n'a pas cessé de croitre au fil de l'histoire. "La mort de Dieu" est à l'évidence comprise et célébrée par toute une idéologie "éclairée" comme étant nécessairement la promotion de l'Homme. La preuve: avant les "Lumières" l'homme n'avait que des Devoirs, et après les "Lumières" il a enfin des Droits. C'est la vision de l'histoire de l'humanité qu'impose la religion contemporaine officielle en Occident. L'Occident a inventé la religion contre Dieu, la religion de l'Homme, même et surtout quand il consent encore à se référer à un "Architecte de l'Univers".
Mais il faut peut être regarder ailleurs qu'en Europe et qu'aux Amériques :
Ce complexe de "l'animal élu" est bien moins présent dans la civilisation indienne-hindouiste, où l'homme, sans être une quantité négligeable, il est le seul être à pouvoir se libérer de la roue des renaissances, est beaucoup plus un être parmi une infinité d'autres. Cette conception du monde a influencé le bouddhisme et toutes les sociétés que cette philosophie-religion a imprégné de ses valeurs.
La civilisation chinoise est plus ambivalente, mais la peinture des lettrés chinois peint l'homme comme "une petite chose" dans la Nature. Cet art des lettrés chinois, ni anthropocentriste ni anthropomorphique, est très éloigné de la peinture occidentale.
Il est urgent que l'Europe et l'Occident acceptent d'entendre quelques concepts civilisateurs en provenance non pas d'un certain Moyen Orient, auquel ils ont à l'évidence beaucoup trop emprunté, mais entre autres régions du globe, de l'Extrême Orient. Sans renier leurs particularités, notamment leur attachement à l'individualisme et à un personnalisme source de libertés et d'autonomies précieuses. Il est urgent que l'Occident cesse de se penser comme le nombril du monde, se méfie de l'utilisation qu'il fait de sa science et de ses techniques, renonce à prendre ses croyances actuelles pour la seule vérité vraie et universelle, et de s'imaginer être destiné à dominer le monde dans une République Mondialiste dont il tirerait les ficelles idéologiques, politiques et économiques.
Les élites politiques et idéologiques d'Occident, se prétendent éclairées, s'affirment anti-racistes, mais elles en sont toujours restées à la pensée élémentaire du franc maçon Jules Ferry (1832-1893) quand il affirmait : "C’est un devoir supérieur de la civilisation qui légitime le droit d’aller chez les barbares.". Ou encore, autre propos"d'éclairé". " La race supérieure ne conquiert pas pour le plaisir, dans le dessein d’exploiter le faible, mais bien de le civiliser et de l’élever jusqu’à elle."
Ou Léon Blum cette fois, le 3 juillet 1925 devant les députés français : "Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler au progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l’industrie".
L'Occident "éclairé" ne prend pas ce chemin de l'intelligence réellement informée alors que Colin Powel (1937) affirme encore en 1992 " Nous représentons le dernier et le meilleur espoir sur cette planète."
Jean de La Fontaine (1621-1692) a bien décrit ce phénomène : C'est un propos de grenouille qui, voulant se faire aussi grosse qu'un boeuf, s'enfle jusqu'à éclater.
La science et la technique dont l'Occident a été l'incontestable et le plus efficace inventeur ont été malheureusement, du 17è siècle où elles s'annoncent, jusqu'à nos jours, des facteurs d'aggravation de la mégalomanie humaine, particulièrement européenne et occidentale, mais pas seulement. Alors qu'une science bien comprise, non pervertie par les idéologies et le politique, aurait dû avoir des effets inverses. Il est absolument évident pour les hommes de science et de sagesse que plus l'homme découvre, moins il sait. Et plus il doit demeurer modeste, même et surtout quand ses moyens techniques augmentent. Plus l'homme développe une puissance technique, souvent fallacieuse, trompeuse, limitée, pleine de dangers, moins il devrait se comporter en anthropocentriste, plus il devrait se méfier de ses pouvoirs et se resituer dans un Univers qui le dépasse totalement, dont il n'est pas le centre, et où il est devenu absolument évident qu'il n'est pas seul. Bref l'homme n'est pas La Créature de Dieu, Unique, Élue, Alliée, Privilégiée qu'il a cru être pendant des siècles dans le cadre des religions monothéistes.
Peu importe finalement que l'homme anthropomorphise. L'anthropomorphisme est seulement une commodité empathique et pédagogique à destination des peuples au cœur simple, ce qui ne veut pas dire d'esprit simpliste. C'est un fait aussi que l'anthropomorphisme a inspiré plus de 3000 ans d'art beau, significatif et partagé non seulement en Europe mais aussi dans le Monde.
Par contre l'anthropocentrisme, l'enflure de l'homme, est une perversion très grave. Se prendre pour "le peuple élu" est simiesque comme l'a poétiquement et analogiquement démontré Rudyard Kipling dans le "Livre de la Jungle". Depuis le milieu du 20è siècle l'Art Contemporain Officiel, l'Art Conceptuel a aussi mis en évidence que l'anthropocentrisme élitiste des Éclairés a généré pour la première fois dans l'histoire des civilisations un anti-art de la laideur et de l'absurdité.
Ce n'est pas demain que l'humain corrigera sa tendance à la survalorisation de son moi. "Les Éclairés" du Mondialisme, l'idéologie qui gouverne l'Occident actuel, continuent obstinément dans la même direction d'une enflure de l'homme et de ses capacités toujours prétendument en progrès.
Jusqu'à sa disparition ? Cela n'a rien d'impossible, c'est même très possible. C'est ce dont certains "Elohim" nous ont avertis.
THE INCREASE OF HUMAN (Anthropocentrism and Anthropomorphism 2)
1) Anthropocentrism and Anthropomorphism
2) In Catholic and Orthodox painting
3) At the Renaissance
3) At the Reformation
4) In Modern Art
5) In Official Contemporary Art
European painting is a very clear testimony to the "increase" of mankind over the course of his history.
The increase of the man ? This is a fact: The older humanity gets, the more seriously it takes itself, the more its importance increases, at least in its own eyes, the more anthropocentric its view of the world becomes and the more its existence impacts other beings and the whole earth. But perhaps humanity has reached a turning point in its history that could reverse the trend? Or rush it at the end of its life
When fresco painting began in Europe in the 11th century, then the painting on wood at the beginning of the 14th century, the anthropomorphism of European thought, through Catholic and Orthodox art, was very clear. But anthropocentrism was still discreet.
Anthropocentrism? Anthropomorphism?
Anthropocentric thinking makes man the Centre of the whole Universe. It also makes man the centre of man's thought. Humanity is swelling and not only demographically, but above all psychologically and ideologically.
Anthropomorphism has a much more limited scope: It consists in giving Gods, or God, a representation in human form. Gods or goddesses of course. For it seems that one of the first forms of divinity was the Mother Goddess, in human form. While the male principle would have been often symbolized by an animal: Taurus for example.
Anthropocentrism is growing throughout the medieval period, flourishes in the Renaissance, progressed further during the Reformation, and became omnipresent as the ideology of the "Enlightenment" triumphs. And at the end of this rise of the "Enlightenment", when God disappears from European pictorial art, anthropomorphism obviously disappears too. Anthropocentrism has eliminated anthropomorphism. Only human is in the foreground. It is the total Swelling of Man.
This is what the history of European painting shows us.
1) Anthropocentrism and Anthropomorphism are not indissolubly linked.
Cultures or civilizations that give the gods human forms can be non anthropocentric. . In these societies the Gods or God have a human form, but man does not think of himself as the center of the world, nor even as a privileged creature. This is the situation in Sumerian civilizations and in Greek and Roman antiquity. In these cultures, these religions or representations of the world, the center of the world are the Gods.
The Greek or Roman man is aware of his importance, he is not an animal and he is not a barbarian, he can even be a rationalist philosopher. But he has a great awareness of his insignificance in the Universe, especially in relation to the Gods. He is a passing being, and must be content with this passage by honoring the Gods and his ancestors. For the Greeks and Romans, the "Ubris", excessiveness, prideful anthropocentrism are perversions seriously damaging to the harmony of the world. It is a constant of all Greek thought both mythological and philosophical, starting from the pre-Socratics to the Hellenistics, through the post-Socratics. Certainly a change of vision of the world and man is looming with Plato, and probably with some mystery cults very poorly known, but it is still a sketch. Certainly Prometheus promises a lot... but he gets his liver eaten by an eagle as a punishment for his megalomania and his oversize (ubris) in favor of humans. Zeus makes sure that man does not take himself for the center of the world, in order to preserve the harmonious order. And Apollo skinned Marsyas alive for the same reasons. It is cruel, but it is necessary to preserve the Order of the World by prohibiting man or the subordinate deities from claiming a place which does not belong to them.
Alexander the Great, true incarnation of Ubris, his oversized megalomania was much criticized of his time. His first censor was his master, Aristotle. Evidently in the Renaissance, humans praised Prometheus and Alexander and continued for centuries until today. It is a great temptation to believe oneself elected, that one is chosen, not the earliest in the man history, second only, but tenacious.
2) Catholic and Orthodox painting, once the Byzantine iconoclastic crisis has passed, is anthropomorphic: it paints God in the image of man. An anthropomorphism that is a heritage of the Greek civilization whose deities were, for the most part, of human forms. The anthropomorphism of Catholic and Orthodox Christianity is not yet absolutely anthropocentric, but it tends towards a valorization of man in relation to the ancient vision. Several views are certainly possible, but in a way, with Catholic and Orthodox Christianity, man takes on more importance than in ancient thought. With Monotheism, humanity considers itself as a privileged creation of God. This was not the case in Greek and Roman polytheistic antiquity. The Catholic and Orthodox human being is a creature unique in the world in its perfection, image of God, elected by God, allied with God, assured of a personal survival that is reserved for him, if he fulfils certain obligations.
It is a vision of the world and humanity inherited from Semitic cultures and very precisely from the Hebrew one. God's chosen Christian, whatever his nation, is only a slightly less segregationist ideology than God's chosen Hebrew or privileged ally above all other nations.
But the Christian (Catholic or Orthodox, Protestantism does not exist at that time) is a neurosis of election that is quite identical to that expressed in the Old Testament. This neurosis is outside the tribal context, which is that of Judaism, and extends to the scale of all humanity. An idea that Islam will take up again more than six centuries later.
To be a Christian saves from eternal damnation. So is being a Muslim. Alain de Benoist wrote "with Christianity there is no longer an elected people". He could have said as much about Islam. This is both true and false. These visions of the Christian and Islamic world remain sectarianism. Christianity or Islam are not racist indeed, because the criterion of election is no longer ethnic. "The chosen people" for Christians and Muslims do not belong to a race or descendants by the mother of privileged tribes. The chosen people are those of a faith that only needs to be shared. No matter the ethnic background to be a member. The election is broader, it is by adoption. The Grace of God extends to all those who believe in Him. "The divine election" crossed ethnic barriers and became exclusively ideological. Catholicism and orthodoxy are in a way a first globalism. Islam and then Protestantism adopted these same conceptions. These ideologies, however, continue to condition God's grace on strict conformity with their particular doctrines, and are therefore a perpetuated form of the pathology of election. All these ideologies have constantly affirmed that apart from them there is no salvation and certainly not among their neighbours.
With globalization (which is not globalism) these sects are becoming less and less credible experimentally. The contemporary expansion of the field of human experience does not call into question the fundamental religious beliefs in their particularities, but very radically their exclusiveness. The paths to the Truth appear legitimately more numerous at the end of the 20th century than in previous centuries. At least in the West, because at the level of the elites of thought the conception of the necessary multiplicity of paths to the One Truth is very old in the Far East. The dialectic of the One and the multiple has been infinitely more subtle in the Far East for many centuries.
In Europe, on 12th and 13th century frescoes, as in early 14th century wood painting, the characters depicted are exclusively divine characters or angels, who take on human forms. Or saints who are extraordinary people, almost divine, the equivalent of Greek heroes. But there is no portrait of any individual, no donors, lay or religious, no important political figures, no major financiers. Secular men and women, donors, even religious donors, are very generally absent from Romanesque and early Gothic painting. Then, when human figures appear, they are tiny, shown on a reduced scale, at the very bottom of the work of art.
Anthropomorphism is therefore obvious, but anthropocentrism remains relatively modest in this early medieval painting. In Western Europe, Gothic painting is the testimony of the growing importance of man, of his constant valorization in relation to God. Towards the end of the Gothic period (1300s), donors and their families appeared: tiny figures at the bottom of the paintings, which nevertheless remained essentially occupied by a representation of sacred characters. Gradually, during the 14th and 15th centuries, donors and their families grew. They occupy all the side flaps and/or a large part of the central panel. Gradually God takes refuge in Heaven: at the very top of the picture. But the man occupies all the entire lower part, with his wife, his children, his grandchildren, his cousins..... where he slips very close to the throne of the Virgin and the Child, frames it at the same height. Jean Fouquet's Dyptique de Melun is in two parts: one part is dedicated to the portrait of the patron, with its protector Saint, the other to the Virgin. A Virgin who no longer has anything to do with virginity since she is the portrait of Agnes Sorel, mistress of the King of France. With the passing of time, the donor is no longer on his knees, his patron saint disappears to leave him all the space. The donor or donors are no longer turned towards the divinity in an attitude of veneration, they look straight into the eyes of the spectator. "It's Me" says the painting clearly. Indeed it is, this me, who paid for it!
3) At the "Renaissance", in the 16th century, man still increases considerably in relation to God. This phenomenon appears very clearly when comparing "Renaissance" paintings with paintings from the early Gothic and even late Gothic periods. In the 16th century, sacred characters did not disappear, because the Renaissance was not anti-Catholic. Unlike the Reformation. But the portrait of men and women, of the elite of course, is increasingly and even totally separated from representations of God and sacred characters. The portrait of man is secularized, it becomes a theme in itself, without any religious reference. Humans paint their own self abundantly. Now the human can admire himself alone. God and all his saints can disappear from the picture. Ah! The Man at last!
Leonardo da Vinci's Mona Lisa is certainly the most emblematic painting of this period. The Mona Lisa is in no way a portrait of a determined person, its essential message is the celebration of the human race. But the Renaissance is not yet farewell to God. Religious themes still remain very present in European art, as Leonardo da Vinci's art also demonstrates.
It will be necessary to wait until the second half of the 20th century to bid farewell to God, in art. The Renaissance can be summed up in this simple proposition: The growth of the importance of man and the decrease of the importance of God in the conceptions that European humanity has of the world and of itself. Man's gaze focuses on himself. Renaissance certainly not, but an important ideological evolution, significant, certainly.
4) The Reformation ? It would be better to talk about Reforms, because there are many reforms. Anglicanism is not Calvinism and neither is Lutheranism. And as a result of these three main currents of origin, Protestant churches will continue to divide and multiply, especially in the United States.
The very strong aniconic tendencies among Protestants, tendencies inherited from Judaism and similar to those of Islam, limit anthropomorphism in these religions, but they do not at all hinder anthropocentrism. Once again, it is clear that anthropocentrism and anthropomorphism do not necessarily work together. Anthropocentrism increases in European painting with the Reforms The very powerful materialism that characterizes Protestantism, their consideration for material wealth can be seen very well in painting in the Northern Netherlands, among the Dutch, from the 17th century. God is almost no longer a theme of Protestant painting, except Christ on the Cross. The everyday man, from all social levels, from the great merchant to the peasant, occupies the entire Dutch pictorial space. The plutocrat has replaced the aristocrat, but he occupies the whole foreground of art and even all art. The description of daily mores, of everyday life in society, is a creation of the Protestant Calvinist Netherlands.
The banquets are no longer the feast of the Gods, but the gueuletons of militia companies.
Charity and Hope no longer watch over hospitals and hospices, but only in ther place, the Regents and Regents, in the foreground, with the cross of Christ sometimes in the background.
The Last Supper (bread, salt and wine) becomes a profane lunch scene abundantly provided with terrestrial foods: meat, fish, vegetables, cheese, cakes, fruits and wines, all in abundance.
The scenes of markets and kitchens (overabundant display of meat, fish, vegetables...) replace the scenes of Christ's passion. When the religious scenes remain present, they take refuge in a very small corner of the painting (Aertsen, Beuckelaer...).
The European landscape is no longer inhabited by Gods, Goddesses, Nymphs, Fauns. The Virgin travelling in Egypt disappears. Saint Jerome no longer meditates in the desert. The landscape has become the place where ordinary people live: peasants working in the fields, shepherds guarding their herds of domestic animals. "The crossing of the ford" has replaced "the Baptism of Christ". The beef is no longer that of the Nativity, it ruminates while watching a canal flow, or is cut into appetizing quarters on the kitchen table
The "increase" of man is therefore obvious from a careful reading of the message delivered by 17th century Dutch art. Art is at all times a mirror of the values of a society. And on this point the art of the golden age of the Netherlands is absolutely exemplary of a change of values in Europe: from spiritualism to materialism, from God to Man... Yes, the man swells. Zeus will have to condemn him again to eat the liver and Apollo will skin him alive.
A period of transition have existed in the rest of Europe, which remained Catholic during the 18th and 19th centuries, when the aristocracy and the Catholic Church still dominated. During this period, however, from the 18th century onwards, anthropomorphism was reduced. Because God is becoming less and less of a subject on the board. But anthropocentrism is increasing, man paints himself more and more, in portraits and in his daily activities. And when man paints landscapes, it is his view of the world that art illustrates ever more exclusively.
5) In this short history of the swelling of man, considered from the point of view of painting, it is possible to skip an aesthetically very important stage: that of Modern Art (1850-1950).
Why? Because the ideological diversity that characterises this period of European history does not allow us to identify any remarkable constants from the point of view of anthropomorphism and anthropocentrism outlined here. Modern art rediscovers or renews old aesthetic techniques, it invents new ones like abstract art. It is therefore a source of very important stylistic breaks, but overall it remains an art that is intended to be beautiful, significant and shared with the greatest number of people. From the ideological point of view and from the point of view of anthropocentrism and anthropomorphism, Modern Art is only the continuation of the previous transition period in Southern Europe. It is also the generalization of the underlying trends that emerged in the 17th century in the Reformed Netherlands. The total rupture between art and aesthetics was not envisaged at that time. The "massacre of painting" only becomes an obvious fact and a constant with Official Contemporary Art, after the Second World War.
6) From the second half of the 20th century, God and the sacred characters disappeared completely from the Official Contemporary Art. Even in the United States, a country where the Christian religion seems to have retained more social importance. But what is the political importance? Are the real culprits of 11 September 2001 really Christians? The question arises seriously when in the Official Contemporary Art of the whole West only Man and his works remain.
With an absolutely remarkable novelty: the ugly and the absurd.
Unlike Modern Art, Official Contemporary Art constitutes a total break with the human artistic past: the anti-esthetic was born and made totally mandatory in official circles. Ugliness and absurdity are a characteristic of official contemporary art, but not only. Despite notable resistance, the contagion of the ugly and the absurd also spread to street art and private commercial art. These portraits of the human being that are exhibited in our contemporary art museums, if we compare them to those made by artists of the past, have a meaning. The death of God among the "enlightened elites", the cult of Reason, Man, the Future, Progress, Modernity, Materialism and Money is reflected in Official Contemporary Art by a vision of the man of a repulsive ugliness and total absurdity,both systématic. Is it an alarm signal from the collective human unconscious?
The major defect of the human animal is undoubtedly pathological anthropocentrism. If man is descended from the monkey, according to some evolutionary theories that it is inappropriate to criticize, it is obvious that it is from a monkey that increasingly sees itself as a god, and even as God.
This anthropocentrism is expressed in different ways. It directly inspires the neurosis of the "chosen people" for more than two millennia, a neurosis, widespread, mild or severe, but which may be close to severe psychosis and which is very pronounced in Semitic cultures and monotheistic religions. Even when anthropomorphism is absent because of the refusal to represent God and any religious iconography, as in judaïsm and islam. In the West, heavily influenced by Semitic myths, through Judaism and Christianity, anthropocentric megalomania has grown steadily throughout history.
"The death of God" is obviously understood and celebrated by a whole "enlightened" ideology as necessarily being the promotion of human beings. The proof: before the "Lights" man had only Duties, and after the "Lights" he finally has Rights. It is the vision of the history of humanity imposed by the official contemporary religion in the West. The West has invented religion against God, the religion of Man, even and especially when it still agrees to refer to an "Architect of the Universe".
But we may have to look elsewhere than in Europe and the Americas:
This complex of the "chosen animal" is much less present in Indian-Hindu civilization, where man, without being a negligible quantity, (is the only being able to free himself from the wheel of rebirths), is much more a being among an infinite number of others. This world view has influenced Buddhism and all the societies that this philosophy-religion has imbued with its values.
Chinese civilization is more ambivalent, but the painting of Chinese scholars paints man as "a small thing" in Nature. This art of the Chinese scholars, neither anthropocentric nor anthropomorphic, is very far from Western painting.
It is urgent that Europe and the West accept to hear some civilising concepts coming not from a certain Middle East, from which they have obviously borrowed far too much, but from other parts of the world, from the Far East for instance. Without denying their particularities, in particular their attachment to individualism and to a personalism that is a source of precious freedoms and autonomy. It is urgent that the West stop thinking of itself as the navel of the world, distrust the use it makes of its science and technology, renounce taking its current beliefs as the only true and universal truth, and imagine that it is destined to dominate the world in a Worldist Republic from which he would draw the ideological, political and economic strings.
The political and ideological elites of the West claim to be enlightened and anti-racist, but they have always remained faithful to the elementary thinking of Freemason Jules Ferry (1832-1893) when he stated: "It is a duty superior of the civilization which legitimizes the right to go to the barbarians. " Or, a another "enlightened" statement. "The higher race does not conquer for pleasure, in order to exploit the weak, but to civilize it and raise it up to it."
Or Léon Blum this time, on July 3, 1925, before the French deputies: "We recognize the right and even the duty of the superior races to attract to them those who have not reached the same degree of culture and to call them to progress achieved thanks to the efforts of science and industry".
The "enlightened" West does not take this path of truly informed intelligence while Colin Powel (1937) still states in 1992 "We represent the last and best hope on this planet."
Jean de La Fontaine (1621-1692) described this phenomenon well: It is a frog talk that, wanting to make itself as big as an ox, swells until it explodes.
Unfortunately, the science and technology of which the West has been the indisputable and most effective inventor have been, from the 17th century, when they were announced, until today, factors aggravating human megalomania, particularly European and Western, but not only. While a well understood science, not perverted by ideologies and politics, should have had the opposite effect. It is absolutely obvious to men of science and wisdom that the more man discovers, the less he knows. And the more modest he must remain, even and especially when his technical resources increase. The more man develops a technical power, often fallacious, misleading, limited, full of dangers, the less he should behave as an anthropocentric, the more he should distrust his powers and resituate himself in a Universe that totally exceeds him, of which he is not the centre, and where it has become absolutely obvious that he is not alone. In short, man is not the Creature of God, One, Chosen, Allied, Privileged, that he has believed to be for centuries in the context of monotheistic religions.
It doesn't really matter if man anthropomorphizes. Anthropomorphism is only an empathic and pedagogical convenience for people with a simple heart, which does not mean a simplistic spirit.
It is also a fact that anthropomorphism has inspired more than 3000 years of beautiful, significant and shared art not only in Europe but also in the world.
In contrast, anthropocentrism, the swelling of man, is a very serious perversion. To think of oneself as "the chosen people" is simian, as Rudyard Kipling poetically and analogically demonstrated in the "Jungle Book". Since the middle of the 20th century, the Official Contemporary Art, Conceptual Art has also emphasized that the elitist anthropocentrism of the Enlightened has generated for the first time in the history of civilizations an anti-art of ugliness and absurdity.
It is not tomorrow that humans will correct their tendency to overvalue their selves. The "Enlightened" of Globalism, the ideology that governs the current West, stubbornly continue in the same direction of a swelling of man and his capacities always supposedly in progress.
Until the man disappeared? This is not impossible, it is very possible. This is what some "Elohim" have warned us about.