Lorenzo Costa I 1460-1535. Ferrare.Mantoue .
A Concert. Le Concert. vers 1490.
Londres National Gallery.
Lorenzo Costa ( 1460-1535) né à Ferrara et rattaché à l'école de cette ville est actif à Ferrare où il est l'élève de Ercole de Roberti, à Florence où il est l'élève de Benozzo Gozzoli, à Bologne où il est proche de Francia, et à Mantoue. Son style est à la fin de sa carrière très adouci par rapport à celui aigu, très sculptural, caractéristique de l'école Ferraraise: Ainsi les œuvres peintes pour Isabelle d'Este qui obéissent aux conceptions de celle-ci à propos de "la Maniera Moderna" plus fondue que le style de tendances encore très linéaires, gothiques, de l'école Ferraraise. Une école Ferraraise qui imite la sculpture en ronde bosse et est fascinée par les représentations architecturales. " La Maniera Moderna" est l'aboutissement d'une longue évolution esthétique et technique de la peinture européenne : De "la peinture plate" paléochrétienne, romane et du premier gothique, en deux dimensions, à "la peinture pleine" restituant sur la surface plane du tableau ou du mur les trois dimensions que notre œil perçoit
Le Gothique tardif, notamment celui du nord des Alpes, était parvenu à rendre de manière très crédible, outre la psychologie différenciée et les volumes des personnages, la perspective sous une forme non mathématique mais intuitive. Le style gothique se caractérise toutefois par un dessin ferme et des contours précis hérités de "la peinture plate". C'est un style qui sépare nettement les figures de leur environnement. Isabelle d'Este demande au contraire aux artistes de son entourage (Mantegna notamment) de fondre les figures humaines, animales, végétales de manière douce, insensible dans le monde qui les entoure. Elle impose dans son activité de mécène un art "plus atmosphérique" aux contours adoucis que l'on aperçoit dans les tableaux de Lorenzo Costa peints pour son studiolo. On aboutit ainsi, à la même époque, au sfumato de Léonard de Vinci ou à la peinture de Giorgione. Cette évolution est certainement une connaissance technique nouvelle, un "tour de main" ajouté, mais aucunement un progrès esthétique.
Les thèmes de Lorenzo Costa sont ceux, doubles, de la Renaissance: Religieux comme au cours du millénaire précédent, mais aussi inspirés par l'histoire et de la mythologie gréco-romaine. En 1500, en Italie, la peinture européenne reprend des thèmes issus de la culture gréco-romaine de -500 à + 500. Ce n'est pas une "Renaissance", c'est d'une certaine manière, idéologiquement, un retour en arrière de mille ans, mais c'est un phénomène culturel majeur. Si c'est une renaissance, c'est seulement une renaissance de l'Antiquité. Il n'y a pas de rupture avec le monde dit du "Moyen-Age" lors de la Renaissance. Aucune rupture scientifique ou technique majeure, notamment. Aucune rupture non plus dans le mode de vie des peuples.
Lorenzo Costa est donc très représentatif de la peinture "renaissante" aux moments précis où elle parvient à l'imitation parfaite de la Nature qu'a constaté et célébré Giorgio Vasari, son compatriote, qu'il a fréquenté lors de son séjour à Florence. Une peinture capable de restituer le monde tel que l'homme le perçoit, une peinture "naturelle", pas réaliste, mais plus exactement imitative de la nature, même quand elle reste éminemment symbolique et interprétative du réel. Une peinture qui ne se limite plus aux représentations religieuses catholiques, qui ont été exclusivement les siennes de 500 à 1500 environ, mais qui est aussi inspirée par des thèmes tirés de l'Antiquité païenne.
Une peinture dont l'anthropocentrisme s'accentue: la multiplication des portraits individuels, en dehors de tout motif religieux, en est la preuve. Le portrait de l'homme, sans Dieu s'impose. L'art gothique était anthropomorphique, celui de la Renaissance y ajoute l'anthropocentrisme. Une peinture humaniste, profane, qui n'est pas encore en opposition avec la peinture religieuse, catholique, mais en parallèle avec elle. Les ruptures idéologiques profondes, qui concerneront les populations dans leurs vies et leurs morts quotidiennes, viendront après : à la "Réforme", et plus tard comme conséquences de l'idéologie des "Lumières", en lien avec les avancées scientifiques et techniques du 19è siècle.
Avancées ou reculs ? Certainement indissolublement liés quant aux conséquences finales. C'est que l'humanité commence à découvrir depuis moins d'une génération.
Lorenzo Costa (1460-1535), born in Ferrara and attached to the school of that city, was active in Ferrara where he was a pupil of Ercole de Roberti, in Florence where he was a pupil of Benozzo Gozzoli, in Bologna where he was close to Francia, and in Mantua. At the end of his career, his style is very softened compared to the sharp, sculptural style characteristic of the Ferrarese school: Thus the works painted for Isabelle d'Este which obey the conceptions of this one about "the Maniera Moderna "more fused than the style of trends still very linear, Gothic, of the Ferraraise school. A Ferrarese school that imitates sculpture in the round and is fascinated by architectural representations. "La Maniera Moderna" is the culmination of a long aesthetic and technical evolution of European painting: from the early Christian, Romanesque and early Gothic "flat painting" in two dimensions, to the "full painting", which on the flat surface of the painting or the wall reproduces the three dimensions that our eye perceives.
The Late Gothic, especially that north of the Alps, had succeeded in rendering in a very credible manner, in addition to the differentiated psychology and the volumes of the characters, the perspective in a non-mathematical but intuitive form. The Gothic style is, however, characterised by a firm drawing and precise contours inherited from "flat painting". It is a style that clearly separates the figures from their environment. On the contrary, Isabelle d'Este asks the artists of her entourage (Mantegna in particular) to blend human, animal and plant figures in a gentle, insensitive way into the world around them. In her activity as a patron of the arts, she imposes a "more atmospheric" art with softened contours that can be seen in the paintings of Lorenzo Costa painted for his "studiolo". This led, at the same time, to Leonardo da Vinci's sfumato or Giorgione's painting. This evolution is certainly a new technical knowledge, an added "knack", but in no way an aesthetic progress.
Lorenzo Costa's themes are those of the Renaissance: Religious as in the previous millennium, but also inspired by Greco-Roman history and mythology. In 1500, in Italy, European painting takes up themes from the Greco-Roman culture from -500 to +500. It is not a "Renaissance", it is in a certain way, ideologically, a return to back a thousand years, but it's a major cultural phenomenon. If it is a renaissance, it is only a renaissance of antiquity. There is no break with the so-called "Middle Ages" world during the Renaissance. There is no major scientific or technical break. No break either in the way of life of the peoples.
Lorenzo Costa is therefore very representative of "reborn" painting at the precise moments when it achieves the perfect imitation of Nature that Giorgio Vasari, his compatriot, whom he frequented during his stay in Florence, observed and celebrated. A painting capable of restoring the world as man perceives it, a "natural" painting, not realistic, but more exactly imitative of nature, even when it remains eminently symbolic and interpretative of reality. A painting that is no longer limited to Catholic religious representations, which were exclusively his from around 500 to 1500, but which is also inspired by themes from pagan antiquity.
A painting whose anthropocentrism is becoming increasingly anthropocentric: the multiplication of individual portraits, without any religious motif, is proof of this. The portrait of man, without God, imposes itself. Gothic art was anthropomorphic, Renaissance art adds anthropocentrism. A humanist, profane painting, which is not yet in opposition to religious, Catholic painting, but in parallel with it. The deep ideological ruptures, which will concern people in their daily lives and deaths, will come after: at the "Reformation", and later as consequences of the ideology of the "Enlightenment", in connection with the scientific and technical advances of the 19th century.
Advances or retreats? Certainly indissolubly linked as to the final consequences. It is that humanity has been beginning to discover for less than a generation.