Richelieu (Indre-et-Loire).
Le Parc.
D'une superficie de 480 hectares, il est entouré de 7 km de murs et possède 4 km de canaux.
Le château à disparu.
La ville doit son nom à son fondateur, le cardinal de Richelieu. Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit le cardinal de Richelieu, fut le principal ministre de Louis XIII.
En 1631, le roi Louis XIII, pour le remercier, autorise par lettres patentes*, son ministre, le Cardinal de Richelieu, à ériger sur ses terres familiales*, «un bourg clos de murailles et de fossés et de bâtir une halle» et d’y établir quatre foires annuelles et deux marchés par semaine*.
Richelieu confie à Jacques Lemercier, architecte du roi, auteur de la Sorbonne et du Palais-Cardinal*, le soin d'édifier, à l’emplacement du village de ses ancètre, qu'il vient de racheter, un vaste château et une ville nouvelle. Jacques Lemercier sera aidé par son frère, Pierre Le Mercier (mort en 1639). Près de 2000 ouvriers travaillent sur le chantier.
La construction de l'ensemble s'étala de 1631 à 1642, date de la mort du cardinal. Afin d'assurer le peuplement rapide de la ville, le cardinal exonère celle-ci d'impôts*. Des parcelles sont cédées gratuitement à condition d'y construire dans les deux ans un immeuble respectant les «plans et devis déposés au greffe» de la ville, et de prendre pour entrepreneur l'un des deux choisis par le cardinal. Les propriétaires regretteront leurs investissements; à la mort du cardinal, leurs hôtels qui valaient initialement 10 000 livres ne se vendaient plus que 2 000 livres. A la mort du cardina, la ville cesse de se développer.
Régularité et symétrie* caractérisent cette «cité idéale». Avec sa Grande Rue, bordée de 28 hôtels particuliers, sa halle et son église, ses remparts, ses portes*, son parc abritant les vestiges du château, Richelieu est un exemple d'architecture française et d’urbanisme du 17e siècle.
Après la Révolution, l'arrière-petit-neveu du Cardinal est contraint de se séparer du château. Restitué par la suite à la famille, mais très endommagé, le château est mis en vente et racheté en 1805 par un marchand de biens qui le revend pierre par pierre.
Le dernier duc de Richelieu, mort sans descendance, lègue en 1930 le parc à l'Université de Paris, en souvenir du Cardinal, proviseur et restaurateur de la Sorbonne.
*La seigneurie de Richelieu appartenait à la famille du Plessis depuis 1468.
*Archives départementales d’Indre-et-Loire, E 146, copie des lettres patentes données à Fontainebleau en mai 1631 et enregistrées au parlement de Paris le 13 décembre 1631
* La seigneurie de Richelieu a été érigée en duché le 26 novembre 1629, pour Armand Jean du Plessis de Richelieu, qui devient ainsi duc de Richelieu.
* Actuellement le Palais-Royal.
* Ce fut l’exemption de la taille pour les débuts, puis un «abonnement» à la modique somme de 200 livres tournois (Vivre en Touraine au xviiie siècle - Annie Antoine).
* La Fontaine : lettre à Madame de La Fontaine (5 septembre 1665)
Étant arrivés à Richelieu, nous commençâmes par le château, dont je ne vous enverrai pour tant la description qu'au premier jour. Ce que je vous puis dire en gros de la ville, c'est qu'elle aura bientôt la gloire d'être le plus beau village de l'univers. Elle est désertée petit à petit, à cause de l'infertilité du terroir, ou pour être à quatre lieues de toute rivière et de tout passage. En cela son fondateur, qui prétendoit en faire une ville de renom, a mal pris ses mesures; chose qui ne lui arrivoit pas fort souvent. Je m'étonne, comme on dit qu'il pouvoit tout, qu'il n'ait pas fait transporter la Loire au pied de cette nouvelle ville, ou qu'il n'y ait fait passer le grand chemin de Bordeaux. Au défaut, il devoit choisir un autre endroit, et il en eut aussi la pensée; mais l'envie de consacrer les marques de sa naissance l'obligea de faire bâtir au tour de la chambre où il étoit né. Il avoit de ces vanités que beaucoup de gens blâmeront, et qui sont pourtant communes à tous les héros : témoin celle-là d'Alexandre-le-Grand, qui faisoit laisser où il passoit des mors et des brides plus grands qu'à l'ordinaire, afin que la postérité crût que lui et ses gens étoient d'autres hommes, puisqu'ils se servoient de si grands chevaux. Peut-être aussi que l'ancien parc de Richelieu, et les bois de ses avenues, qui étoient beaux, semblèrent à leur maître dignes d'un château plus somptueux que celui de son patrimoine; et ce château attira la ville, comme le principal fait l'accessoire.
Enfin elle est, à mon avis,
Mal située et bien bâtie :
On en a fait tous les logis
D'une pareille symétrie.
Ce sont des bâtiments fort hauts ;
Leur aspect vous plairoit sans faute :
Les dedans ont quelques défauts;
Le plus grand c'est qu'ils manquent d'hôte.
La plupart sont inhabités ;
Je ne vis personne en la rue :
Il m'en déplut ;j'aime aux cités
Un peu de bruit et de cohue.
J'ai dit la rue, et j'ai bien dit ;
Car elle est seule et des plus droites :
Que Dieu lui donne le crédit
De se voir un jour des cadettes !
Vous vous souviendrez bien et beau
Qu'à chaque bout est une placec'est à dire selon
Grande, carrée, et de niveau ;
Ce qui sans doute a bonne grace.
C'est aussi tout, mais c'est assez.
De savoir si la ville est forte,
Je m'en remets à ses fossés,
Murs, parapets, remparts, et porte.
Au reste, je ne vous saurois mieux dépeindre tous ces logis de même parure que par la place Royale : les dedans sont beaucoup plus sombres, vous pouvez croire, et moins ajustés. J'oubliois à vous marquer que ce sont des gens de finance et du conseil, secrétaires d'état, et autres personnes attachées à ce cardinal, qui ont fait faire la plupart de ces bâtiments par complaisance et pour lui faire leur cour. Les beaux esprits auroient suivi leurs exemples, si ce n'étoit qu'ils ne sont pas grands édificateurs, comme dit Voiture (Vincent Voiture, poète et prosateur, protégé de Richelieu): car d'ailleurs ils étoient tous pleins de zèle et d'affection pour ce grand ministre.Voilà ce que j'avois à vous dire touchant la ville de Richelieu.Je remets la description du château à une autre fois, afin d'avoir plus souvent occasion de vous demander de vos nouvelles, et pour ménager un amusement qui vous doit faire passer notre exil avec moins d'ennui.
*Une des quatre porte est une fausse porte et n'existe que pour respecter la symétrie de l'ensemble.
*La ville est bâtie selon un plan hippodamien : rues rectilignes et croisements à angle droit. Hppodamos était un architecte grec de Milet.